Je viens du Nord

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Je viens des terres du Nord. L’âme y retourne, s’enterre au milieu des racines, grimpe aux branches qui s’étirent jusqu’aux nuages. Nuages de neige, couverture des étoiles. Je viens des lacs blancs, où la glace brûle les nerfs. Où chaque goutte embrasse le bout des doigts.

Je viens des collines vertes qui s’inclinent sous la brume. Des champs qui flambent sous le ciel rouge du soir. Où la nuit se dépose comme un secret sur l’oreiller du monde.

Je viens des mers grises qui dansent sous la bise, où les bateaux se balancent au rythme des ivrognes.

Je viens des terres du Nord. Et mes voiles sont ouvertes.

Je viens des terres du Nord. Et j’y retourne.

Enfin.

EXCURSION AU VILLAGE by René Char

Orion s’éprend de la Polaire

Les amants sont inventifs dans l’inégalité ailée qui les recueille sur le matin.

Il faut cesser de parler aux décombres.

Une écriture d’échouage. Celle à laquelle on m’oppose aujourd’hui.

Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur.

La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.

Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l’amour.

Toi qui nais appartiens à l’éclair. Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir.

Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu’entre l’étoile intraitable et le regard vivant qui l’a tenue un instant sans s’y blesser ?

…Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire.

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Paysage marine – Nicolas de Staël

Le temps immobile

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La rue était vide ce jour là
Je chassais l’odeur de la mer
Cet hiver là
Les coquillages craquaient
Sous les roues du vélo
Un écho de ta voix

Je te goûtais déjà
Sous les draps
De mon enfance
Je te cherchais déjà
Dans les plis temporels

J’avais attrapé
Un battement de tes cils

Et je t’aimais déjà